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Apr 23·edited Apr 26

Salut,

Je traverse une situation similaire.

Mes journées et mes nuits sont un réel cauchemar. Les choses qui étaient autrefois valides et qui remontaient le moral ou donnaient de la joie ne sont plus applicables. Je vois tout différemment. Plus rien ne fait sens.

Les seules choses qui comptent et m’aident à garder la tête hors de l’eau sont des grandes valeurs telles que «moral», «rester une bonne personne», «essayer de m’entraîner à garder mon calme», «regarder l’horizon», tu sais, être ultra-philosophe. Rechercher l’essentiel mais aussi le trouver. Je dirais que ce qui me maintient hors de l’eau c’est «forcer l’essentiel». Pas le choix. Il faut le trouver à tous prix, parce que ce que nous avons sous les yeux n’a désormais plus aucune valeur et nous ne pouvons plus nous y référer.

Mon quotidien est fait de signaux lumineux et de fous furieux agressifs. C’est vraiment très dur, mais chaque jour le soleil se lève et je suis forcé d’affronter cela du mieux que je peux, et personne ne me jette la pierre si je ne suis pas au top.

En fin de compte, c’est peut-être vrai que ce qui compte plus que le reste, ce n’est pas de tomber ou combien de fois on tombe, mais de se relever et de continuer. Et la recette n’existe pas, c’est une force et un procédé différent pour chacun de nous.

Certaines personnes me parlent de «carrière», de «travailler», c’est comme un rêve et ils sont si éloignés.

L’autre jour je parlais avec ma sœur et Poutine est arrivé dans la discussion ; elle a lâché «ah !» «ce...» et elle ne trouvait pas ses mots ! Je pense qu’elle voulait dire «le diable». Alors j’ai compris.

La société, ici, en Suisse, travers une crise intellectuelle énorme. Les gens n’ont pas reçu une éducation intellectuelle suffisante. En réalité elle est énorme mais on ne nous a pas enseigné les vraies bases. Nous avons une masse de gens qui croient dur comme fer en des modèles obsolètes, inefficaces, et dommageables pour eux-mêmes et pour autrui.

Moi je suis devenu pauvre. Ces gens dont je te parle sont ceux qui dirigent les rênes du pays. Comme tu peux le constater, une vision des choses qui inclut que Poutine est le méchant produit des gens qui ont arrêté de pouvoir identifier un «méchant» quelconque. Je te laisse penser aux implications.

Moi je suis pauvre, et fais partie de la «masse» du bas. C’est beaucoup de gens en comparaison de l’élite intellectuelle. C’est comme une partie d’une machine, et nous serions l’essence pour cette machine. Mais cette société a fait de moi quelqu'un qui lui produit de la poudre à canon sans qu'elle s'een aperçoive. Et elle prend cela pour de l'essence.

La masse du bas rencontre les phénomènes que tu expliques. En tous cas moi. Peut-être que celle du haut aussi. Personne ne parle de ces choses. Si j'avais le malheur de dire que je suis allé à l'église, les gens me mettraient à l'écart dans leur esprit. Si je disais du bien de Poutine, certains iraient tout juste pas à la police! Encore quelques mois ou années et les gens vont montrer leur vrai visage - enfin leur masque - eux sont prisonniers derrière un masque de Gestapo qui vont les faire s'entretuer entre eux d'ici peu, je crois. Oui, en Suisse.

J’aime bien tes descriptions. Je comprend que tu pointes beaucoup le fait qu’il y a beaucoup d’étrangers, mais que tu décèles davantage un aspect «matrix», et que tous ces étrangers sont comme des pièces de puzzle, des meubles, ça et là, ajoutant au décor surréaliste.

Mes journées et mes nuits sont faites d’exactement la même chose. C’est tout le temps. Plus rien n’a de valeur.

Je suis sincèrement désolé que tu traverses une passe difficile. J’espère que cela va s’améliorer. Fais ce que tu juges bon, avant tout. Surtout, évite de te faire du mal et les attitudes destructrices pour toi-même. Essaye de ne pas te rendre ivre. Jamais, si tu le peux. Evite toute drogue. Laisse tomber les nightclubs. Essaye de rester «sain» autant que tu le peux. Tu sais ce que cela signifie. Essaye de ne pas dormir avec ton téléphone portable dans la même pièce, et essaye de limiter son utilisation au MAXIMUM. Le suicide, oublie purement et simplement. Tu dois aller au bout de la route et voir éprouver le concept que les choses peuvent radicalement changer pour le bon. Tu sais que cela existe. Les choses peuvent basculer en un rien de temps. Accorde-toi cette possibilité si tu n’es pas trop déprimé. Laisse tomber les bagarres, tu peux te «défiler» comme on dit :) C’est plus intelligent d’éviter des blessures.

Je comprend que tu traverses une passe difficile et qu’il m’est compliqué de pouvoir te donner des bons conseils. J’espère que ce que j’ai dit ci-dessus n’est pas déplacé. J’espère que tu vas trouver un réel cadre plus positif.

Ecoute, quand on est déprimé, la chose à faire c’est de pouvoir tenir debout. Evite à tous prix les «attitudes de film», les stéréotypes. Evite à tous prix les choses qui font «perdre conscience». Nul ne sait quel impact une seule petite cuite peut produire dans un contexte de faiblesse. Fais comme tu peux. J’ai mes points forts et mes points faibles, et ce que j’ai listé c’est ce que je vois pour moi. Si tu es encore parmi nous aujourd’hui c’est bien que tu es quand-même quelqu’un de fort. Surtout ne craque pas.

Ce qui semble compte plus que le reste, par expérience, pour moi, ce n’est pas de tomber ou combien de fois on tombe, mais de se relever et de continuer. Juste de pouvoir se relever.

Quand je pense que mes journées sont en fait un entraînement «à me relever après avoir tombé», tu parles d’une existence trépidante… Moi qui pensais que j’allais entraîner mon cerveau et définir les plans de ma nouvelle maison, un jour… La plupart des rêves sont partis en fumée. Seuls subsistent les rêves de liberté.

Si tu n’arrives pas à te relever, moi je prend une douche froide et cela m’aide, mais peut-être que c’est quelque chose qui ne te conviendrait pas pour ce que tu rencontres. Au moins cela me donne de la force pour l’effort de me relever. Cela fonctionne juste pour cela et me donne un surplus de force pour regarder à nouveau cette société de fous avec le regard qu’il faut : «société de méchants qui ne m'a rien laissé». J'ai tout donné pendant des années et elle m'a jeté à la poubelle. On ne m'y reprendra pas à deux fois.

« Ce n'est pas un signe de bonne santé mentale d'être bien adapté à une société malade. »

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